Robert Petitloch, un Écossais dans les Landes

Originaire de Dundee, en Écosse, Robert Pattiloc, aussi connu sous le nom de Petitloch (ou Petit-Lo), vint en France au XVe siècle en quête d’aventure et pour combattre les Anglais. Ses exploits militaires lui ont valu terres et titres.

L'année royale devant Tartas en 1442

L’armée royale devant Tartas en 1442. (BNF)

Cette présentation s’appuie sur l’article Robert Petitloch, un Écossais dans les Landes
à la fin de la guerre de Cent Ans, publié par la Société de Borda en 2013 (n° 510, p. 159-174), rédigé par Iñaki Zubillaga et Laurence Puyoo. Les auteurs ont fondé leur travail sur des recherches approfondies, de nombreux échanges et plusieurs déplacements, notamment à Dundee et dans sa région, en Écosse.

Robin Pattiloc

Tout commence avec un traité d’alliance signé en 1295 entre Philippe le Bel, roi de France, et John Balliol, roi d’Écosse. Dans le cadre de ce traité, de nombreux Écossais sont venus prêter mainforte au roi de France (futur Charles VII) pour combattre les Anglais durant la guerre de Cent Ans.

L’un d’eux, Robin Pattiloc :

« était un homme d’humble rang [qui] avait enrôlé des recrues dans la ville de Dundee pour venir faire la guerre en France. Il partit à l’aventure, quittant son pays en 1423 ou 1424, sans sou ni maille, pour trouver en France aventure, gloire, richesse et honneurs. Il fut au nombre des capitaines qui aidèrent le roi Charles VII à asseoir sa couronne. « 

De nombreuses campagnes militaires

Pattiloc est impliqué dans de nombreuses campagnes militaires et sièges sous Charles VII. Par exemple au mois de juin 1442 :

« Robert Petitloch et Messire Martin-Gassie commandaient 200 lances dans l’avant-garde de l’armée royale qui vint mettre le siège devant Saint-Sever. […] Dans l’après-midi, la ville tomba. Le roi arriva devant Tartas, ceux de la ville n’ayant aucun secours des Anglais, le sire de Cauna rendit la place sans qu’il y eût de combat. »

Il prit part au siège de Dax et d’autres lieux

Au mois d’août 1442 :

« Le Comte de Foix formait un corps d’environ 6 000 hommes, Martin-Gassie et Petitloch le rejoignirent à un quart de lieue de la ville avec 1 200 hommes. L’Écossais prit part au siège de Dax. […]

Charles VII prit la ville de Dax par assaut. Après cette victoire, ils partirent vers Peyrehorade où ils s’emparèrent du château d’Orthe à quatre lieues au sud de Dax. Puis au lieu de s’attaquer à Bayonne, ils repartirent vers le nord et envahirent l’Agenais. De la fin août à la fin septembre, ils prirent Marmande, Sainte-Bazeille, Meilhan, Mauvezin, Langon et d’autres bourgades encore. »

En octobre 1442, les combats reprirent :

« L’armée française arriva devant La Réole, cette ville capitula quelques jours plus tard. Mais au début du mois d’octobre, les Bayonnais avaient repris la ville de Dax et en 1443, à l’extrême sud du pays de Lannes, le château de Peyrehorade appartenant au vicomte d’Orthe entra sous la domination anglaise. »

En 1444 une trêve fut signée et c’est à ce moment que :

« Dans les périodes d’inactivité, les mercenaires désœuvrés formaient des bandes qui se livraient au pillage. On les surnommait les Écorcheurs. »

En 1448 le roi Charles VII donne l’ordre à Robin Petitloch de reprendre aux Anglais la cité de Cancon dans le Lot-et-Garonne. En avril 1449 « deux soldats de la compagnie de Petitloch, basée en Guyenne, en sont venus aux mains suite à une dispute ».

Il participe à la fin de la guerre de Cent Ans

En 1450, Petitloch combat aux côtés du Roi de France. Il demande :

« de l’argent aux consuls de Montréal-du-Gers pour aider ses troupes d’artillerie. […] Le 14 juillet, les comtes de Clermont et de Foix et le sire d’Albret allèrent assiéger le Château-Neuf du Médoc. Les Français sortirent vainqueur et Robin Petitloch fut ordonné capitaine de ces lieux. La région fut dévastée par le feu et par l’épée par notre Écossais.

De Château-Neuf de Médoc, les Français partirent mettre le siège à Blanquefort, près de Bordeaux. Se voyant encerclé, le maire de Bordeaux réunit en hâte 8 à 10 000 hommes, chevaliers gascons, quelques hommes d’armes anglais et également des milices urbaines. La troupe anglo-gasconne, mal équipée, fut écrasée dans les landes du Haillan.

La déroute fut immense, 1 500 morts et 2 500 prisonniers gascons […] les Bordelais surnommèrent cette journée lamalejornade. Robin Petitloch y prit une part active. »

En 1451 Petitloch participe au siège de Dax et après la capitulation de cette ville il est présent au siège de Bayonne qui capitule à son tour.

Reconnaissance du Roi

C’est le 4 mars 1452 que « Charles VII accorda à Petitloch des lettres de naturalisation, et on lui donna le titre d’écuyer du Roi ». Deux ans plus tard, en 1454, il est nommé « sénéchal des Lannes pour services rendus à la cause française ». Charles VII reconnaît Petitloch :

« Pour confirmer la confiance qu’avait le Roi pour Petitloch, Charles VII forma une compagnie écossaise d’archers à cheval, cavaliers plus légers, permettant d’assurer une garde rapprochée de sa personne que l’on appela les Archers du Roy ». »

Petitloch meurt vraisemblablement en 1461, sans laisser de postérité.

En conclusion

En conclusion les auteurs précisent :

« Pour tenter de retracer sa vie nous nous sommes rendus aux archives de Dundee,  probablement sa ville natale, mais sans pouvoir recueillir le moindre renseignement supplémentaire, ni sur sa naissance, ni sur son décès. Notre enquête nous a conduit aussi dans les contrées susceptibles de recéler des témoignages de son passage : l’Agenais, la Haute-Garonne, la Gironde, le Gers.

L’histoire de Petitloch illustre parfaitement le rôle des Écossais dans l’armée royale française au XVe siècle. Ces aventuriers, hommes de guerre avant tout, sont ensuite utilisés par le pouvoir royal pour tenter d’asseoir la mainmise du roi sur les provinces, en leur confiant des prérogatives d’administration et de justice. »

Iñaki Zubillaga et Laurence Puyoo ont poursuivi leurs recherches depuis 2013. Ces recherches ont permis de rapprocher les histoires des villages de Guiche et Auchterhouse en Écosse , à partir d’une association qu’ils ont cofondée. Ils ont également rédigé le chapitre qui concerne le récit de la capitulation du château de Guiche dans le livre Guiche 1449.

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